Biographie Universitaire

Née en 1946 à Alger, Christiane CHAULET ACHOUR y a vécu et travaillé jusqu’en 1993. Elle a été, de 1997 à 2015, Professeure de Littérature Comparée et Francophone au Département de Lettres Modernes de l’UFR des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Cergy-Pontoise.

Elle a été Directrice du Centre de Recherche Textes et Francophonies dans la même université, de Juin 2003 à décembre 2009 (CRTH, Centre de Recherche Texte/Histoire devenu, depuis janvier 2006, CRTF, Centre de Recherche Textes et Francophonies), puis, de janvier 2010 à 2015, responsable du pôle FLDS : Francophonies littéraires des Suds :

Comme quelques autres équipes universitaires en France, ce pôle entendait contribuer à la visibilité des littératures francophones des Suds, nées dans un contexte conflictuel et ayant construit un dialogue interculturel et un humanisme d’apport des Suds vers le Nord (cette dénomination « Suds » englobe les régions du monde sous domination dans un certain nombre de domaines et dans lesquelles les écrivains ont su imposer d’autres visions et d’autres représentations que celles des centres décideurs). L’appellation de « francophonies » qui donne lieu à tant de débats désigne simplement des ensembles littéraires d’écrivains que leur origine ne prédisposait pas à une expression créatrice en langue française. Elle a pris une très grande extension dans la période actuelle, post-coloniale. Aussi ce pôle s’intéresse et s’intéressera à différentes déclinaisons des littératures dites « francophones » :

– Littératures nées dans les anciennes colonies françaises et échanges entre ces pays et la France (période coloniale et post-coloniale)

– Littératures de l’exil (choix du français comme langue de création ; avec de nombreux écrivains vivant en France et en Europe) ; Littérature de l’immigration, ensembles littéraires émergeant au sein des populations migrantes, élevées en français et installées dans le pays tout en gardant la mémoire de leurs origines. Un intérêt particulier sera porté, en ce qui concerne toutes ces orientations, aux écritures des femmes, dans ces différents corpus, en elles-mêmes, dans leur rapport au masculin et au féminin d’autres corpus littéraires, selon le principe de la comparaison qui ouvre pistes et perspectives. Ces ensembles littéraires sollicitent une approche pluridisciplinaire de leur élaboration esthétique : approches linguistique, anthropologique, sociologique, historique.

– La réflexion dans la mouvance de la pensée postcoloniale est approfondie. D’abord dans son contexte d’émergence étasunien avec une attention portée aux écritures migrantes et aux écritures indiennes. Ensuite, en systématisant une orientation concernant la littérature française et ses rapports à l’Altérité, en privilégiant des œuvres du XVIIe au XXIe siècles et en proposant une histoire littéraire autrement, mettant en valeur les contextes historiques et culturels de ces tensions vers l’ailleurs de la société française (la question arabo-andalouse au XVIIe s., la question de l’esclavage, la question de la guerre d’Algérie, etc.). De façon plus générale, cet axe s’est intéressé à toute création en littératures (mais aussi médias) dans les marges ou les périphéries de la culture officielle (tout en étant nécessairement en interaction avec elle) dans le contexte des sociétés et des institutions francophones et de l’insertion, en leur sein, de l’interculturel et de la polyphonie francophone. L’outil linguistique sera interrogé et cerné.

– Enfin, dans la mouvance de la didactique et de la transmission des savoirs, un des objectifs a été aussi, à partir de recherches de fond, de mettre à la disposition des enseignants des différents degrés de formation (du primaire à l’université) des outils de travail efficaces et fiables [d’où la mise en chantier de dictionnaires dont le premier à paraître aux éditions Champion en novembre 2010, Dictionnaire des écrivains classiques francophones. Afrique sub-saharienne, Caraïbe, Machrek, Maghreb, Océan Indien – avec un choix de 105 écrivains -, un Abécédaire insolite des francophonies à paraître en 2011, la participation aux «Classiques francophones » aux éditions de l’Harmattan, à la collection « Auteurs d’hier et d’aujourd’hui » des éditions du Tell à Blida en Algérie. Enfin la collection « Entre les lignes » aux éditions Honoré Champion, de 2013 à 2016 : cf. l’onglet qui lui est consacré dans ce site].

– Ce pôle s’appuyait sur une tradition bien ancrée au CRTH/CRTF depuis 1998 qui a donné lieu à de nombreuses soutenances de thèses, elles-mêmes porteuses de relations scientifiques avec des universités des Suds ; sur l’ensemble des chercheurs en littérature et linguistique qui ont ouvert leur corpus de travail à ces nouveaux ensembles que la France multiculturelle ne peut plus ignorer ; sur des relations concrètes avec des centres et des réseaux œuvrant dans le même sens.

Mots-clefs : Francophonie et francophonies, plurilinguisme, métissage, altérité, interculturel, migrants, exil, immigration, diaspora, ghetto, féminin/masculin, échanges et influences Sud/Nord, postcolonialisme et postcolonie, transmission et diffusion des savoirs, questions d’intertextualité.

Corpus privilégiés : Littératures de langue française dans les pays du Maghreb, du Machrek, de l’Afrique sub-saharienne, de la Caraïbe, d’Asie. Les écrivains migrants et/ou exilés en France (Espagne, Iran, Irak). Ecritures des femmes. Littérature française et altérité. Lieux artistiques des échanges Sud/Nord (conte, humour, BD, peinture, musique). Littérature de jeunesse consacrée à ces différents corpus.

De 2005 à 2010, Christiane Chaulet Achour a été directrice de la collection « Féminin – Masculin » aux éditions Le Manuscrit (éditions en ligne). Elle a coordonnée les ouvrages suivants : – Conte et narration au féminin, en 2005 – Frontières des genres, en 2006 Pères en textes – Médias et Littérature, en 2006 – Le corps à l’œuvre, en 2007, – Féminité et expression de soi, en 2008. – Noirs secrets, en 2009 – Le Féminin chez J. M. G. Le Clézio, en 2010.

On peut se procurer ces ouvrages sur le site des éditions du Manuscrit : achat en fichier pdf ou en version imprimée.

Carrière antérieure:

De 1967 à 1982, elle a été assistante et maître-assistante à l’ENS de Kouba puis à l’Université d’Alger et, à partir de 1982, Maître de conférences puis Professeure au Département de français. Elle a dû quitter le pays, début 94. Elle a été Maîtresse de conférences à l’Université de Caen de 1994 à 1997 avant d’être élue Professeure à Cergy-Pontoise.

A l’Université d’Alger elle a eu à cœur d’animer, avec Dalila Morsly et d’autres collègues, des activités de recherche dans un contexte pas toujours facile [responsable de trois équipes de recherche de 1979 à 1992 et participation à des équipes algéro-françaises, entre 1990 et 1993] et des activités plus militantes extra-universitaires pour l’analyse, l’écriture et la connaissance des écrits de femmes. Elle a aussi participé aux différentes commissions, dans les années 80, de réforme de l’enseignement du français dans l’université algérienne. En effet, après l’accession à l’indépendance, l’Algérie a tenu à redéfinir l’enseignement de la licence de Lettres Modernes, devenue licence de français, pour la formation des enseignants de cette langue dans un contexte de politique linguistique assez tendu (récupération de la langue arabe comme langue nationale et re-dimensionnement de la langue française dans le contexte post-colonial). La tâche des enseignants de français à l’Université était donc délicate : trouver l’équilibre entre le maintien de l’enseignement d’une langue, de ses littératures et de ses cultures et l’adaptation à un nouveau projet de société. C’est ainsi qu’elle a participé à toutes les commissions ministérielles de redéfinition du profil de formation supérieure en langue française de 1972 à 1981 et ensuite initié l’ouverture de plusieurs enseignements de la littérature française et francophone : critique littéraire, didactique de la littérature, Littérature française du XIXe et Xxe s., Littératures francophones, rapport des littératures traditionnelles et des littératures contemporaines, thématiques comparatistes plus tournées vers le Monde arabe, l’Afrique sub-saharienne, la Caraïbe et l’Amérique Latine que vers l’Europe. Dans cette perspective, elle a été responsable de nombreuses équipes pédagogiques pour la formation de jeunes assistants à l’Université.

Renouant avec cette réflexion en Algérie, elle a participé, en France, à intégrer l’enseignement des francophonies littéraires dans le secondaire et le supérieur, [en octobre 2000, séminaire national organisé par le Ministère de l’Education Nationale sur « Les nouveaux objectifs de l’enseignement du français dans le secondaire » : communication et animation d’un atelier sur les « Francophonies littéraires » (Actes publiés) et orientations dominantes de ses enseignements, de ses activités de recherche et d’encadrement]

Le 30 janvier 1982, elle soutenait à Paris III- La Sorbonne nouvelle sa thèse de Doctorat d’Etat es Lettres, Langue française et colonialisme en Algérie. De l’abécédaire à la production littéraire, sous la direction de M. Le Pr. Roger Fayolle. (Jury de soutenance : Mme. La Pr. Jacqueline Arnaud, Mrs. les Pr. Claude Abastado, Jean-Claude Chevalier, Roger Fayolle et Henri Mitterand). Ce travail portait prioritairement sur l’Histoire de la pénétration du français en Algérie, de son maintien post-colonial et de son importance dans l’émergence de l’écriture littéraire; et, en conséquence, sur la littérature algérienne de langue française et plus généralement sur les littératures francophones, ses travaux postérieurs ont approfondi ce domaine. Dans une perspective comparatiste et dans celle de l’appréciation d’un héritage, de définition d’un patrimoine, les oeuvres littéraires d’Algérie (coloniales et nationales) ont été traitées parce que dessinant, dans les champs culturels et socio-politiques français et algérien, un espace d’affrontements, de dialogues, d’interférences multiples et contradictoires. C’est dans la même perspective que sont étudiées des oeuvres africaines et antillaises de langue française. Le souci constant est de mettre les oeuvres francophones en articulation avec celles de la littérature française avec lesquelles elles entretiennent des relations complexes, allant de la déférence à l’autonomie créatrice.

Mais deux autres grandes orientations, initiées dans ses premiers mémoires (DES et Thèse de 3ème cycle) ont continué à « habiter » ses préoccupations de chercheuse, toutes ces années-là : * celle des relations de la France et de l’Andalousie musulmane qui a trouvé son prolongement dans les études sur les contacts Europe/Monde arabe ; * celle des écrivains « périphériques » français comme Jules Vallès qui trouve son prolongement dans un intérêt jamais démenti pour les périphéries littéraires et le rapport des oeuvres littéraires à l’Histoire.

Réfléchissant à l’enseignement du français dans un contexte national où cette langue seconde était privilégiée mais traitée avec beaucoup de complexité [non-reconnaissance officielle et pratique quotidienne attestée dans tous les domaines], intérêt également pour les méthodes et approches critiques susceptibles d’avoir des retombées pédagogiques palpables ou scientifiques efficaces comme la poétique et la narratologie, la sociocritique (avec la notion centrale d’intertextualité) et les méthodes de l’histoire littéraire pour des étudiants dont la langue et la culture d’origine étaient autres et qui ne possédaient pas le bagage culturel qu’acquiert, en France, un élève du secondaire dans ce domaine.

Son souci, en tant que directrice de mémoires et thèses, a été d’ouvrir les recherches (thèses nouveau régime et activités multiples) à des corpus francophones ou à des problématiques impulsant une véritable prise en charge d’une mémorialisation active et non victimaire du passé colonial français et de ses effets dans les sociétés d’aujourd’hui (mémoire de l’esclavage, mémoire de la guerre d’Algérie/guerre de libération nationale, héritage des jeunes issus d’immmigrations coloniales et post-coloniales). Elle a souhaité également donner le plus possible aux jeunes chercheurs les moyens et les espaces pour faire connaître leurs travaux, en les publiant, soit dans la collection monographique du Centre, soit dans des collections ou revues d’autres instances, en partenariat. Son activité de directrice de recherche (Masters et Thèses) a été intense.

Elle a continué à entretenir des rapports fréquents avec son université d’origine en encadrant des thèses de doctorat (dans les départements de français et par le biais de l’Ecole Doctorale Algéro-Française) et par l’intervention dans des colloques et ouvrages collectifs.

Spécialiste de la liaison entre l’enseignement du français dans la période coloniale et post-coloniale et de l’écriture littéraire, elle a publié de nombreuses études (articles et ouvrages) sur la littérature algérienne (et plus largement maghrébine), sur la littérature du Machreck ainsi que sur les littératures de la Caraïbe. Elle est aussi attentive à tout ce qui concerne le féminin dans les productions littéraires et artistiques et à son intervention dans le champ culturel ainsi qu’aux marginalités qui se manifestent dans des productions périphériques par rapport à un « centre » régulateur des lectures et de la diffusion des textes.

Ses Axes principaux de recherche sont : Littératures du Maghreb et du Machrek – Ecritures des femmes autour de la Méditerranée – Littératures caribéennes – Littérature romanesque africaine sub-saharienne – Histoire du français (Langue et Littérature).

Connaissance d’écrivains [Anthologie, Myriam Ben, J-E.Bencheikh, Camus, Andrée Chedid, Frantz Fanon, Mouloud Feraoun, Nancy Huston, Daniel Maximin, Malika Mokeddem, Jean Sénac, Jules Vallès].

Questions à la littérature (sociocritique, histoire littéraire, analyse textuelle et intertextuelle) – Humour.

Problématiques diverses : * Esclavage* Les Mille et une nuits et la littérature contemporaine

* Image et Littérature – * Littérature et banlieue

Parallélement à ces activités universitaires, interventions en Algérie (1978-1994) plus ouvertes vers le grand public par des articles dans la presse, par des émissions radiodiffusées, par des préfaces d’œuvres algériennes inédites ou d’œuvres françaises rééditées ou des textes d’accompagnement de créations algériennes en peinture ; l’objectif étant à la fois de faire connaître un patrimoine littéraire et culturel en français (algérien et universel) et de participer à une réflexion sur le pluralisme culturel.

Depuis 1991, participation en France, en Espagne, au Maroc, en Suède à plusieurs rencontres sur les littératures francophones et sur les écrits des femmes pour multiplier les échanges interculturels au centre desquels les littératures francophones tiennent une place importante. Ces échanges prenaient la suite et ont accompagné la participation au réseau associatif des femmes en Algérie (co-fondatrice, en particulier, de deux groupes de recherche et d’écriture de femmes algériennes, entre 1984 et 1994, « Présences de femmes » et le « Groupe Aïcha »).

Appartenance à des Associations, des Sociétés d’études ou des revues en qualité de collaboratrice permanente, à un moment ou l’autre de sa carrière:

– à Algérie Littérature/Action, Paris, Marsa Editions, revue littéraire créée en mai 1996 pour promouvoir la littérature algérienne contemporaine. Participation au comité de lecture, au choix des inédits à publier, publication de nombreux entretiens d’écrivains, compte-rendus, articles. (Cf. Liste des publications pour le détail des articles publiés).

– aux ELA, Etudes Littéraires Africaines, Bulletin de l’APELA (Association pour l’étude des Littératures Africaines) sous la direction du Pr. Daniel Delas.

– Membre de la Coordination internationale des chercheurs en Littérature Maghrébine (CICLIM). Membre du comité de parrainage d’Expressions Maghrébines, nouvelle revue de la coordination, n°1 pour mars 2002

– Membre de la Société Française de Littérature Générale et Comparée (SFLGC).

– Membre de l’Association nationale algérienne « Mémoire de la Méditerranée ».

– Membre de la Société des études camusiennes

Elle a également collaboré :

– au Maghreb Littéraire, revue canadienne (Toronto) créée en 1996.

– au Bulletin de l’Afrique francophone (London).

– à la revue Les Amis de Jules Vallès (Saint-Etienne).

– à Humoresques, revue de CORHUM (Presses Universitaires de Vincennes, Paris VIII).

En retraite depuis le mois d’août 2015, elle a eu l’honneur de deux hommages.

Le premier par l’Université d’Alger, lors d’un colloque international du département de français d’Alger. Sous le titre « Hommages croisés – Naget Khadda, Christiane Chaulet-Achour », un volume de textes a été offert à ces deux universitaires par Amina Azza Bekkat, Afifa Bererhi et Boba Tabti, le 20 avril 2015 à la Bibliothèque Nationale du Hamma. Ce volume a été tiré en tirage limité et imprimé à l’imprimerie Mauguin de Blida (Algérie) (couvertures et vignettes de Denis Martinez).

Le second, à l’université de Cergy-Pontoise dans laquelle C. Chaulet Achour a exercé pendant presque 20 ans. Le volume d’hommages et de textes d’études est disponible en format PDF dans la liste des ouvrages de ce site, accompagné d’autres textes pour rendre compte de ce moment très chaleureux.

Professeur émérite de l’Université de Cergy-Pontoise depuis septembre 2015, Christiane Chaulet Achour continue à faire soutenir des thèses et à participer à des jurys. Elle intervient également dans des colloques et est sollicitée pour des conférences.

Elle est collaboratrice régulière de deux revues :

*Littérature maghrébine et comparée, revue semestrielle (Rabat, Maroc), revue de l’Association Coordination des Chercheurs sur les Littératures Maghrébines et Comparées CCLMC (Maroc) dont le directeur est le Pr. Abdallah Mdarhri Alaoui. Elle est membre du comité scientifique.

*Diacritik, le magazine qui met l’accent sur la culture, en ligne où elle intervient sur le domaine des francophonies littéraires. Sa présentation comme collaboratrice est la suivante :

« Née à Alger au lendemain de la Seconde guerre mondiale, Christiane Chaulet Achour y fait sa vie jusqu’en 1994 où les remous de l’Histoire la déposent au Nord de la Méditerranée. Elle y vit désormais sans renoncer à ses attaches profondes dans le Sud. Ahurie par l’ignorance tranquille de l’université française concernant les écrivains francophones déposés, eux aussi, sur les rives de la langue française par la colonisation, elle leur consacre son temps professionnel – vingt années entre Caen et Cergy-Pontoise –, ses lectures, ses rêves et ses engagements. Transmettre leur richesse est son obsession. Elle leur associe d’autres réalisations littéraires des périphériques des Empires. « Reprenons la question de l’homme. Reprenons la question de la réalité cérébrale, de la masse cérébrale de toute l’humanité dont il faut multiplier les connexions, diversifier les réseaux et réhumaniser les messages » : cette exhortation de Frantz Fanon nourrit son horizon. »

Elle poursuit sa collaboration avec la revue Algérie Littérature/Action.

Elle participe au Dictionnaire dont le maître d’œuvre est Alain Ruscio sur La France & l’Outre-mer dont le premier tome doit paraître à la rentrée de septembre 2016.