A propos des Éditions Honoré Champion

Depuis 1874, la maison Honoré Champion est spécialisée dans l’édition d’érudition en sciences humaines. Son catalogue complet, qui retrace plus de 130 ans de recherches universitaires francophones, contient plus de dix mille titres dont nombre ont fait date dans leur domaine et demeurent des références irremplaçables.

Ces vingt dernières années, les Éditions Champion ont considérablement développé leurs champs d’activité et sont devenues l’un des premiers éditeurs d’érudition francophone en sciences humaines avec plus de 150 titres par an. Les Éditions Champion publient des études de fond, des dictionnaires, des ouvrages de référence et des textes par les meilleurs auteurs dans les domaines suivants : littérature française (du Moyen Âge au monde moderne), littératures étrangères, littérature comparée (toutes aires culturelles), grammaire, linguistique, lexicographie, histoire (du Moyen Âge à nos jours), musique, religion, philosophie.

La librairie Honoré Champion est installée à Paris, au cœur du quartier latin, au plus près des lieux de savoirs et de recherches.

Librairie Honoré Champion : 3 rue Corneille 75006 Paris. Tél. 01 46 34 02 29

Ces caractéristiques de la maison d’édition ne présageaient pas qu’elle accueille une collection de type à la fois pédagogique et scientifique s’intéressant aux œuvres littéraires francophones du Sud , c’est-à-dire aux œuvres d’écrivains dont l’histoire est liée à la fois à la colonisation, à la décolonisation et aux migrations.

La maison d’édition faisait le pari qu’il n’était plus possible, au début du XXI e siècle, de laisser ces écrivains hors des programmes officiels et qu’en conséquence initier une collection qui leur était consacrée aiderait les transmetteurs à avoir un outil adéquat pour leurs analyses et aux décideurs de prescrire ces œuvres aux différents niveaux de l’enseignement. Par ailleurs, il semblait raisonnable de penser que les pays concernés par ces écrivains s’intéresseraient aussi à la collection.

L’engagement était pris d’éditer les quatre premières études en janvier 2013 et de mettre sur le marché, chaque année, en deux livraisons, huit études de ces auteurs.

Le choix devait se porter sur des écrivains édités en collections de poche (puisque le prix de l’analyse était modique, il fallait aussi que l’œuvre soit abordable) et que soient choisis exclusivement des écrivains francophones du Sud, quel que soit leur lieu de résidence.

 

ÉDITIONS HONORÉ CHAMPION
NOUVELLE COLLECTION
UN OUTIL CRITIQUE ET PÉDAGOGIQUE DE POCHE INÉDIT

Directeurs de collection : Christiane Chaulet Achour et Jean-Baptiste Dufour

Cette collection a eu pour but de faire découvrir et étudier les œuvres des grands auteurs francophones du Sud
Public : Collèges, lycées, universités. Grand public.

CONTENU

 

  • Contexte d’écriture afin de mettre en place la situation historique susceptible d’éclairer l’œuvre lue.
  • Parcours de l’écrivain : une biographie succincte insistant sur son origine sociale et familiale, sa formation.
  • Résumé et structure de l’œuvre.
  • Étude précise de l’œuvre selon sa spécificité générique.
  • Points de vue critiques sur l’œuvre.
  • Chaque volume : 11 x 17,6 cm, de 100 à 150 pages, broché. Honoré Champion


La première série était en librairie le 3 janvier 2013

Ahmadou KOUROUMA Les Soleils des indépendances

A l’issue de l’indépendance, Fama, prince malinké, né dans l’or, l’honneur et les femmes, se trouve réduit à parasiter obsèques et funérailles. L’ancien et le nouveau s’affrontent en un duel tragique et dérisoire tandis que passe l’histoire, avec ses joies et ses souffrances.

Ahmadou Kourouma est une figure emblématique de la littérature africaine francophone. Au-delà de la fable politique, il restitue comme nul autre la profondeur de la vie africaine, mêlant avec génie le quotidien et le mythe.

Frantz FANON Peau Noire, Masques blancs

Cet ouvrage analyse les mécanismes d’aliénation qui cimentent la relation Noir/Blanc née du colonialisme mais aussi les moyens de s’en détacher. Frantz Fanon aborde aussi des thèmes tout à fait actuels comme la reconnaissance de l’esclavage, la culpabilisation de l’homme blanc ainsi que la concurrence victimaire.

Frantz Fanon est l’un des fondateurs du courant de pensée tiers-mondiste. Toute sa vie durant, il cherche à analyser les conséquences psychologiques de la colonisation à la fois sur le colon et sur le colonisé. Dans ses livres les plus connus, il analyse le processus de décolonisation sous les angles sociologique, philosophique et psychiatrique.

Aimé Césaire – Une Tempête

Césaire adapte La Tempête de Shakespeare pour un théâtre nègre. Sous sa plume, la pièce se concentre autour des rapports de Prospero, le maître blanc et Caliban, l’esclave noir.

Aimé Césaire, poète et homme politique martiniquais est l’un des fondateurs du mouvement littéraire de la négritude et un anticolonialiste résolu.

Jean-Joseph Rabearivelo – Presque songes

Recueil de poèmes qui suggère un aller retour entre le malgache et le français. Confrontation de deux langues et de deux cultures jusqu’au déchirement personnel du poète.

Rabearivelo est le grand poère malgache. Il a écrit quelques 20 volumes, dont la moitié restait inédite à sa mort (suicide en 1937). Son œuvre montre une affinité avec les poètes symbolistes et surréalistes tout en étant fortement enracinée dans la géographie et la culture de Madagascar.

La seconde série était en libriaire le 25 mai 2013

Ahmadou Kourouma – Allah n’est pas obligé

Roman rédigé à la première personne du singulier sous forme d’un récit. Birahima jeune garçon est enrôlé dans une milice pour participer aux guerres ethniques qui ravagèrent l’Afrique de l’ouest à la fin des années 80 et dans la décennie 90. Ce roman a obtenu le Prix Renaudot et le Goncourt deslycéens en l’an 2000.

Ahmadou Kourouma est une figure emblématique de la littérature africaine francophone. Au-delà de la fable politique, il restitue comme nul autre la profondeur de la vie africaine, mêlant avec génie le quotidien et le mythe.

Aimé Césaire – Une saison au Congo

Description saisissante des premiers temps de l’Indépendance du Congo belge. Au fil des pages une figure centrale se détache, celle de Patrice Lumumba premier ministre de ce nouvel état qui sera assassiné peu après. Figure symbolique de la liberté retrouvée et de la résistance au néocolonialisme.

Aimé Césaire, poète et homme politique martiniquais est l’un des fondateurs du mouvement littéraire de la négritude et un anticolonialiste résolu.

Daniel Maximin – L’Isolé soleil

Aimé Césaire salua ce roman comme celui du renouveau du roman Antillais. A travers les récits de cinq générations, c’est toute l’histoire de la Guadeloupe qui est revisitée.

Né en Guadeloupe, Daniel Maximin est poète, romancier et essayiste. Il exerce d’abord le métier de professeur de Lettres, puis assume de nombreuses responsabilités à l’Institut d’Etudes Sociales, à France-Culture, au Ministère de la Culture, au Ministère de l’Éducation nationale.

Mouloud Mammeri – L’Opium et le bâton

Mouloud Mammeri met une part de lui-même dans ce roman. Son héros se retrouve confronté à la guerre, celle de l’Indépendance algérienne, et à son cortège d’interrogations sur la vie et la mort.

Mouloud Mammeri est un écrivain, poète, anthropologue et linguiste algérien. Figure majeure de la littérature algérienne francophone et de la défense de la langue et de la culture berbères, ses romans illustrent différentes périodes clés de l’histoire de l’Algérie.

La troisième série était en libriaire début janvier 2014

Assia Djebar, Les Alouettes naïves

Assia Djebar : Écrivain, professeur et également cinéaste. Elle a été reçue à l’Académie française en 2005.

Les Alouettes naïves est un roman de guerre et d’amour qui a pour toile de fond la guerre d’Algérie. L’engagement est le thème central de ce roman.

Azouz Begag, Le Gone du Chaâba

Azouz Begag : D’origine algérienne, Azouz Begag est né en France dans la banlieue lyonnaise en 1957. Il est écrivain, sociologue et ancien ministre. Son œuvre évoque principalement l’intégration et l’identité.

Le Gone du Chaâba est un roman autobiographique qui raconte la vie d’une famille immigrée algérienne dans un bidonville de Lyon.

Tierno Monémembo, L’Aîné des orphelins

Tierno Monémembo : Auteur guinéen dont l’œuvre s’organise autour de deux axes, l’impuissance des intellectuels en Afrique et la vie des Africains en exil.

L’Aîné des orphelins est l’histoire d’un jeune garçon condamné pour meurtre dans le Rwanda du génocide.

Wajdi Mouawad, Incendies

Wajdi Mouawad : Homme de théâtre et comédien d’origine libanaise et de nationalité canadienne.

Incendies : Pièce de théâtre qui met en scène une guerre de Cent Ans (allégorie de la guerre civile au Liban) où il explore les mécanismes de la terreur.

La quatrième série était en librairie le 5 juin 2014

Abdourahman WABERI, Balbala

En 1997, Balbala de l’écrivain djiboutien Abdourahman Ali Waberi, né en 1965, constitue le troisième volet d’une trilogie sur son pays appartenant à « la Corne de l’Afrique ». Le regard de ce jeune écrivain sur une jeune Nation visite les thèmes de l’interrogation historique, de la dictature violente et de la condition féminine L’écriture en est foisonnante et poétique.

Axel GAUVIN, Faims d’enfance

Du combat culturel pour le créole à l’écriture en français, Axel Gauvin, né en 1944, décline les potentialités de l’expression réunionnaise. En 1987, Faims d’enfance décrit sa société réunionnaise à travers le regard d’un adolescent proche de ce qu’il fut, sans idéaliser ni occulter les difficultés mais en projetant l’espoir d’une société créole plus harmonieuse.

Nathacha Appanah, Le dernier frère

Nathacha Appanah, née en 1973, revient avec Le dernier frère, son quatrième roman, sur l’épisode oublié, par l’histoire officielle, de l’emprisonnement de Juifs à Beau-Bassin pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle explore la mémoire, les émotions de l’enfance, de l’exploration de soi et offre au lecteur une autre représentation de l’île Maurice.

Ousmane SEMBENE, Les Bouts de bois de Dieu

Sembène Ousmane, né en 1923, un des grands cinéastes sénégalais, a été aussi un romancier majeur. Son chef d’œuvre, Les Bouts de bois de Dieu, retrace la grève historique que menèrent les cheminots du Dakar-Niger en 1947-1048. Son roman en restitue les personnalités les plus attachantes du côté des colonisés et prend acte du basculement des consciences au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

La cinquième série, en librairie 3 janvier 2015 :

Mohammed, Dib, L’Incendie

Le second roman de cet écrivain algérien devenu depuis un grand classique, paraît à la fin de l’été 1954, quelques semaines avant l’explosion de la résistance contre la colonisation, le 1er novembre. S’il ne peut parler de l’événement, il l’annonce, dans ce geste prémonitoire des écrivains proches de la respiration de leur peuple. Il met en scène, à travers la figure familière du petit Omar de Tlemcen, une grève de paysans dans les environs de la ville, vécue dans leur intimité et dans la complexité du tissu social de l’époque, à travers une galerie de personnages inoubliables, en une écriture mariant étroitement réalisme et poésie.

Tahar Ben Jelloun, L’Enfant de sable

Ce roman a ouvert à son auteur, déjà connu, les portes de la notoriété. Celle-ci se confirmera deux ans plus tard avec le prix Goncourt pour sa suite… La Nuit sacrée ! Articulant avec brio le mystère du récit oriental et l’efficacité du roman moderne, Tahar Ben Jelloun met en scène la folie d’un père de filles qui ne rêve que d’un fils et qui, contre les lois de la nature, décide de faire de sa dernière fille… un garçon ! Il l’élève comme tel(le) jusqu’à libérer cet(te) enfant de ce poids à sa mort, en laissant ouverte la possibilité ou non d’habiter son corps après une éducation masculine.

Aimé CESAIRE, Cahier d’un retour au pays natal

En 1939 est publié ce long poème, à ce jour inégalé et qui porte toute la flamboyance, le cri, la révolte et la passion de Césaire pour la Caraïbe, l’Afrique et ce à quoi doit faire face tout Afro-descendant : la plaie de l’esclavage à revisiter autrement jusqu’à la fierté d’être, « debout et libre, debout à la barre, debout à la boussole debout à la carte, debout sous les étoiles ». Il a connu d’incessantes transformations de 1939 à l’édition dite définitive de Présence Africaine en 1956.

Léopold Sedar SENGHOR – Poésie

Le pari de cette étude critique est d’embrasser l’ensemble des recueils du grand poète sénégalais, réédité en œuvre complète. Poésie difficile, dit-on, aux lexiques, aux rythmes et aux connivences culturelles inattendues, la lecture qui en est faite la rend plus proche et, sinon familière, du moins accessible. De Chants d’ombre en 1945 aux Elégies majeures en 1979, en passant par des poèmes non datés, c’est tout l’art poétique senghorien qui se déploie avec son élégance, sa douceur et sa hauteur de vue.

La sixième série était en librairie le 11 juin 2015

KATEB Yacine Nedjma

En 1956, la parution de ce roman du jeune écrivain algérien marque une rupture dans l’esthétique du roman au Maghreb. Son influence persiste depuis cette date. Profondément ancré dans l’histoire de l’Algérie, de 1945 à 1954, le roman n’en est pas pour autant un roman historique classique. Il conjugue plusieurs influences qu’il sait façonner dans un creuset unique où l’étoile devient à la fois symbole d’un pays en marche vers son indépendance et passion amoureuse en conflit avec l’engagement militant de jeunes gens à la recherche d’eux-mêmes.

Sony Labou TANSI, La Vie et demie

Publié en 1979, ce roman a connu un grand succès. Il fait écho à des événements violents dans une Afrique en proie à une instabilité politique chronique. Deux ans avant sa publication, en 1977, le 4ème président de la République du Congo, Marien Ngouabi, a été assassiné. Sur les 42 personnes arrêtées, dix sont condamnées à mort et exécutées. Parmi elles, des amis de l’écrivain : « J’ai écrit La Vie et demie dans la douleur. […] L’Etat voulait tout simplement se débarrasser d’individus intelligents » a-t-il déclaré.

Raharimanana, Nour, 1947

Roman récent, Nour 1947 est publié en 2001. Le prénom et la date du titre renvoient à une société malgache lointaine et peu connue. Les faits historiquement attestés sont présents de manière diffuse et allusive, se mêlant à d’autres histoires, réelles et légendaires, au point qu’il faut renoncer à toute catégorisation. Nour, 1947 est donc un roman sans en être vraiment un ; il est historique sans s’en tenir à une période précise ; il est francophone tout en puisant largement dans la langue malgache.

Jacques ROUMAIN, Gouverneurs de la rosée

1944 est la date de la première édition de ce roman posthume du jeune écrivain haïtien qui vient de mourir brutalement un peu auparavant. Célébré en Haïti, le roman ne commence sa diffusion internationale remarquable qu’en 1946 après sa réédition en France. Plongeant le lecteur au cœur de la paysannerie haïtienne, il en décrit la vie, les désillusions et les espoirs. Comme l’écrit Dany Laferrière en 2014 : « Tout écrivain qui voudrait situer son roman dans la paysannerie haïtienne ne trouvera qu’un champ brûlé par le classique de Roumain : Gouverneurs de la rosée. »

Au moment où la collection commençait à trouver ses marques, son rythme et sa diversité, l’éditeur a pris la décision, au vu de ventes insuffisantes, en septembre 2015, d’en suspendre l’édition, tout en acceptant d’éditer durant l’année 2016, les deux dernières séries dont les manuscrits étaient déposés. Les huit nouveaux titres qui seront en librairie en 2016 sont

La septième série

Tahar DJAOUT, Les Chercheurs d’os

Ce roman édité en 1984, reçoit le prix de la Fondation Del Duca, la même année. Journaliste, poète et romancier, T. Djaout a été assassiné à Alger en mai 1993. La tonalité du roman est donnée par l’âge du narrateur, un enfant de 14 ans, chargé par son village d’aller chercher dans le désert algérien les « os » de son frère, martyr de la guerre d’indépendance. Ce périple, de sa Kabylie natale au Sud du pays, est un parcours initiatique qui permet à l’auteur un bilan sans concession des vingt années d’indépendance.

René DEPESTRE, Hadriana dans tous mes rêves

Ce roman, prix Goncourt 1988, a été en chantier bien avant cette date. Il correspond, chez l’écrivain, à un retour vers Haïti et une entrée flamboyante dans l’écriture romanesque. Comme l’écrit son commentateur : « son érotisme onirique et monstrueux se rattache à l’esthétique créole et baroque du réalisme merveilleux haïtien ». Roman de l’amour et de la mort, il fascine autant qu’il déstabilise, René Depestre s’appuyant sur des souvenirs d’enfance et d’adolescence.

Lyonel TROUILLOT, Les Enfants des héros

Publié en 2002, ce récit est la cinquième œuvre de l’écrivain haïtien, bien connu aujourd’hui.

Il met en scène deux enfants, un frère et une sœur et les trois jours de leur cavale après l’assassinat de leur père. Des retours en arrière permettent aussi de connaître leur vie d’avant, au sein de leur famille, dans leur petite maison du bidonville du quartier de Fort National. Le point de vue est celui du frère, le plus jeune et du regard qu’il porte sur leur vie, leurs actes et leur avenir. « Quand les gens me disent, « vous écrivez des romans très durs, comment pouvez-vous avoir une imagination aussi dure ? », je leur dis, « écoutez, je n’ai rien imaginé de ce que j’écris » ».

Patrick CHAMOISEAU, Le Papillon et la lumière

En 2011 paraît ce court récit de P. Chamoiseau qui avait habitué le lecteur à des romans au volume plus conséquent. L’écrivain est désormais connu sur le plan international.

Ce conte philosophique renferme, sous son apparente simplicité et brièveté, de nombreux thèmes existentiels à travers le dialogue de deux papillons de générations différentes.

La huitième série qui sera la dernière :

Aimé Césaire, La Tragédie du roi Christophe

Première création théâtrale d’Aimé Césaire, en 1963, La Tragédie du roi Christophe, inscrite au répertoire de la Comédie française, est une pièce magistrale, nourrie du voyage de l’écrivain en Haïti en 1944 et de l’admiration pérenne manifestée pour cette île sœur où « la négritude se mit debout pour la première fois ». Elle dépasse la simple reconstitution historique pour hisser, dans un geste poétique inimitable, à la hauteur des débats partagés par tous, des questions toujours d’actualité : la nécessaire résistance à l’esclavage et au colonialisme mais aussi la réflexion à engager sur les lendemains d’une libération. La pièce expose les enjeux de l’affranchissement des peules dominés.

Mariama Bâ, Une si longue lettre

En 1979, celle qui ouvre les voies romanesques à la parole féminine sub-saharienne, est Mariama Bâ, avec son court et dense texte, Une si longue lettre. La thématique n’est plus celle de la lutte contre le colonisateur et ses répercussions post-coloniales mais un regard, tout en profondeur et en complexité, sur le statut des femmes au Sénégal : les questions de polygamie et de conflits internes de la société de référence servent le projet de transmission de valeurs émancipatrices.

Andrée Chedid, Les Marches de sable

En 1981, Les Marches de sable d’Andrée Chedid, est le roman d’une écrivaine accomplie dont on a lu déjà récits, romans, nouvelles, pièces de théâtre et poèmes. Le lecteur retrouve cette écriture ciselée, épurée, d’’une haute exigence. Ce roman, régulièrement réédité, conserve une actualité du fait des thèmes qui en font la richesse : autour de trois femmes ayant choisi le désert pour des raisons différentes, au IVe siècle ap. J-C., en Egypte, foi et don de soi, fanatisme, violence et intolérance mais aussi hymne à l’amitié, à la sororité, à la solidarité au-delà des conflits historiques.

Assia Djebar, L’Amour la fantasia

Lorsqu’elle publia L’Amour la fantasia en 1985, Assia Djebar a déjà à son actif une carrière littéraire remarquée. Ce roman, après le recueil de nouvelles de 1981, rompt un silence de plusieurs années. L’écrivaine y propose, en une construction romanesque polyphonique d’une grande richesse, un récit mêlant références historiques réinterprétées des années de la conquête puis de celles de la guerre de libération et une mélodie autobiographique en détours et esquives. Cette étude a été rédigée l’année même du décès de cette grande écrivaine algérienne, membre de l’Académie française.

On peut constater la grande diversité des différents pays étudiés à travers leurs oeuvres et la diversité des critiques, enseignants du secondaire et du supérieur en France et dans les pays concernés. Une programmation précise était déjà arrêtée pour trois années, c’est-à-dire 24 nouveaux titres.

La collection s’arrêtera donc l’été 2016, les ouvrages déjà édités continuant, bien entendu à être diffusés, soit 32 analyses critiques, ce qui est conséquent. On comprend qu’un éditeur ne puisse persévérer dans cette voie originale si les études ne se vendent pas, faute d’ouverture des programmes de français dans l’enseignement en France aux écrivains francophones. Les éditions Honoré Champion avaient opté pour une aventure commercialement risquée mais symboliquement importante que peu de grandes maisons d’édition avaient tentée. On pouvait espérer, étant donné l’importance de ces écrivains et l’incessante question des altérités dans les sociétés du nord, que la direction des programmes de l’Education Nationale prescrirait dans les programmes des collèges, des lycées et des universités ces auteurs et ces questions. Malheureusement cette ouverture ne se fait pas encore et ces écrivains ne sont étudiés que par des enseignants qui en prennent l’initiative au risque des programmes officiels. Si nos études ne se sont pas vendues – surtout pour une collection à dominante pédagogique –, c’est que ces auteurs ne sont pas expressément prescrits dans les programmes à tous les niveaux et qu’au mieux, on ne les sollicite que de façon périphérique. Une fois de plus les écrivains francophones du Sud ont subi la loi du marché et des littératures légitimes. Nous ne pouvons que le regretter.


A lire :

  • Deux présentations de la collection dans des revues (France et Algérie)

Le Français dans le monde

L’ivrEsqc

  • Et un point de vue intéressant sur l’enseignement de ces littératures

Enseigner les littératures post coloniales